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La Somalie, premier jalon de la Turquie dans sa quête d’hydrocarbures en Afrique

L’Oruç Reis fera route à l’automne vers le golfe d’Aden sous bonne escorte. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a soumis une motion au Parlement, vendredi 19 juillet, afin d’autoriser plusieurs bâtiments de la marine turque à se déployer dans les eaux territoriales somaliennes durant deux ans pour protéger ce navire de recherche gazière.
Ce bateau, qui fut au cœur de la montée des tensions en Méditerranée en 2020, lorsque Ankara menait des travaux d’exploration dans une zone maritime disputée avec la Grèce, s’apprête désormais à mener des études loin des mers Egée et Noire. Il devrait se rendre dans une zone de 5 000 km2 de l’océan Indien, au large de la Somalie, à partir de fin septembre.
L’envoi de cette mission constitue une première pour la Turquie en Afrique. Elle marque une étape supplémentaire dans le double objectif d’Ankara de renforcer son influence sur le continent et de diversifier ses approvisionnements en hydrocarbures en vue de diminuer sa dépendance à la Russie.
Pour la Turquie, il n’y a pas de meilleur endroit que la Somalie pour se lancer dans l’exploration et l’extraction pétrogazières en Afrique. A Mogadiscio, ses diplomates sont en terrain conquis. Ankara est le principal partenaire commercial et politique de la Somalie depuis plus d’une décennie. Le gouvernement turc y multiplie les partenariats humanitaires, de défense et de développement, ainsi que les constructions d’infrastructures. Des drapeaux turcs flottent dans les rues de la capitale, où il n’est pas rare d’apercevoir le portrait de Recep Tayyip Erdogan, dont le nom a été donné au principal hôpital de la ville.
Il faut dire que le président turc fut en 2011 le premier chef d’Etat étranger à se déplacer dans un Mogadiscio en ruines. Un geste que la Somalie et ses gouvernements successifs n’ont jamais oublié. Depuis, ils ont confié à des entreprises turques – proches du parti de Recep Tayyip Erdogan, l’AKP – les principaux marchés publics et la gestion des infrastructures du pays. C’est par exemple la compagnie Albayrak qui exploite le port de Mogadiscio. Pour protéger ses intérêts, l’armée turque y a installé en 2017 sa première base militaire à l’étranger.
Ce partenariat a franchi un nouvel échelon en février et mars, lorsque les deux pays ont signé un double accord de défense et pétrolier. La Turquie s’est engagée à protéger les eaux territoriales et les côtes somaliennes en échange de 30 % des revenus maritimes provenant des activités dans sa zone économique exclusive, en particulier de la pêche – la Somalie perd 500 millions de dollars par an à cause de la pêche illégale. De plus, Mogadiscio a attribué trois blocs d’hydrocarbures à Ankara pour que la Turquie y mène l’exploration et la production, puis le raffinage et la distribution du pétrole.
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